27 janvier 2015
Relancer le secteur manufacturier et stimuler la création d’emploi dans les petites entreprises
Discours de Tom Mulcair au Club économique du Canada (Ottawa)
Thank you very much. Merci beaucoup.
Je suis très heureux d’être de retour au Club Économique aujourd’hui.
Je tiens d’abord à remercier Natasha pour cette invitation et je vous remercie tous d’avoir libéré quelques minutes de votre horaire chargé pour discuter et échanger avec moi aujourd’hui.
L’un des rôles, l’un des objectifs du Club Économique est d’offrir aux décideurs et aux acteurs politiques et économiques un forum afin de discuter des problèmes importants de notre pays et d’explorer ensemble des pistes de solutions.
Aujourd’hui ne fera donc pas exception à la règle.
J’aimerais donc me concentrer cet après-midi sur l’enjeu le plus important auquel notre pays fait face auquel notre économie fait face.
L’an dernier, quand j’étais ici avec vous, le pétrole se négociait à plus de 105 $ le baril. Aujourd’hui, il est à moins de 50 $ le baril et plusieurs pensent qu’il n’a pas fini de dégringoler.
Le résultat? Le secteur pétrolier a fait savoir qu’il allait réduire de 23 milliards $ ses dépenses en capitaux pour cette année. Cela entraînera des milliers de pertes d’emplois au Canada.
Mais le prix du pétrole, ce n’est pas tout.
Au cours des dernières semaines, des milliers d’emplois ont été perdus dans le secteur de la vente au détail : Target, Mexx, Jacob, Bowring, Smart Set et Sony ont fermé boutique, laissant plusieurs autres milliers de Canadiens au chômage.
Mais l’effondrement de la vente au détail, ce n’est pas tout non plus.
Ce dont je veux parler aujourd’hui, c’est du plus important atout économique de notre pays, comme de tous les pays participant à l’économie globale moderne du moteur qui a permis à notre nation d’être aussi prospère ces derniers 70 ans.
Et si nous faisons les bons choix aujourd’hui, ce même moteur garantira notre prospérité pour encore bien des décennies.
Je parle bien sûr du bien-être économique de la classe moyenne du Canada.
Parce que je crois que le meilleur indicateur d’une économie diversifiée et en santé, c’est la force de la classe moyenne.
Mais la réalité, en 2015, c’est que les familles de la classe moyenne travaillent toujours de plus en plus dur, mais leurs revenus continuent de reculer.
La classe moyenne paie encore le prix de la dernière récession.
Il y a 300 000 Canadiens de plus sans emploi aujourd’hui qu’avant la récession;
la création d’emplois est inférieure à la croissance de la population active;
Le taux de chômage chez les jeunes est tel que, pour la première fois, la prochaine génération recevra moins que la précédente, tout en héritant d’une dette économique, sociale et environnementale colossale.
Les revenus sont en baisse, mais l’endettement des ménages s’élève au niveau record de 163 % du revenu disponible.
Ce niveau record d’endettement des ménages représente, selon la Banque du Canada, un « important risque pour la stabilité financière du Canada ».
Les jeunes familles n’arrivent pas à trouver des services de garderie abordables. Cela nuit aux familles et à l’économie.
De plus en plus, l’éducation post-secondaire et la formation deviennent des luxes pour trop de personnes.
Sept Canadiens sur 10 n’ont même pas de régime de pension.
Et pour la première fois dans l’histoire de notre pays, la génération actuelle sera moins bien nantie que celle de leurs parents.
Ce sont là des réalités auxquelles font face des millions de familles de la classe moyenne. Et c’est sans compter les millions d’autres qui voudraient bien faire partie de la classe moyenne.
Pour réussir au 21e siècle, le Canada devra donc rebâtir ses institutions autour des principes de la bonne administration publique et de la protection du public.
Nous devons trouver les moyens de préserver et de bonifier nos acquis sociaux afin de diminuer les inégalités croissantes qui menacent la pérennité de nos économies
et la prospérité de la classe moyenne.
Et nous devons adapter nos économies sur la base d’un développement durable et équilibré, sur la base de pratiques simples, mais sensées, comme le principe du pollueur-payeur.
Pour garantir le bien-être de la classe moyenne, une économie prospère et diversifiée est nécessaire.
Une économie capable d’encaisser les chocs provoqués par une chute des prix du pétrole, par exemple.
Une économie où les investissements globaux et intérieurs sont les bienvenus pour créer de nouvelles occasions d’affaires et pour créer des emplois stables à temps plein.
Une économie qui stimule nos secteurs traditionnels, comme l’extraction de ressources naturelles et la fabrication, mais qui n’a pas peur de développer de nouveaux horizons.
Je vais vous donner un exemple.
Quand j’étais ministre de l’Environnement et du Développement durable du Québec, j’ai vu tout de suite le potentiel du marché des énergies renouvelables.
Partout dans le monde, les gouvernements et les leaders de l’industrie investissent dans les technologies éoliennes, hydroélectriques, solaires et géothermiques. On prévoit que d’ici 2030, 5 mille milliards $ des 7,7 mille milliards $ investis en énergie seront dans le secteur des énergies renouvelables. Mais en raison de l’inaction du gouvernement, le Canada accuse un retard et devient moins intéressant pour les investisseurs. Ainsi, des milliers d’emplois de qualité bien rémunérés pour la classe moyenne sont créés ailleurs qu’au Canada.
C’est inacceptable.
Je travaillerai avec l’industrie, ainsi qu’avec les provinces et les territoires pour m’assurer que le Canada saisisse toutes les occasions de récolter les avantages d’une économie diversifiée dans des secteurs comme celui de l’énergie renouvelable.
Si le Canada souhaite devenir une superpuissance énergétique au 21e siècle, il faut adopter une mentalité propre au 21e siècle.
On doit harmoniser les occasions d’affaires du secteur de la fabrication à ceux des marchés émergents et des technologies afin de diversifier notre économie, de créer des emplois bien rémunérés et de combattre les changements climatiques.
Au regard des besoins urgents de l’économie d’aujourd’hui, il y a à mes yeux deux enjeux hautement prioritaires :
Le premier est de stimuler l’innovation dans le secteur manufacturier. Le deuxième est l’aide aux petites entreprises les vrais créateurs d’emploi du Canada.
Au cours des prochains mois, le NPD présentera aux Canadiens toute une série de mesures pour favoriser la croissance économique et mettre le Canada sur la bonne voie.
Aujourd’hui, je vous mentionne trois éléments clés de notre vision économique.
Premièrement, un gouvernement du NPD gardera en place les mesures efficaces qui aident le secteur canadien de la fabrication et de la transformation et prolongera donc pendant deux autres années la déduction pour amortissement accéléré.
Deuxièmement, le NPD mettra en place un crédit d'impôt à l'innovation. Cette mesure aidera le secteur manufacturier en lui permettra d’investir dans la recherche et le développement et d’acheter des équipements de pointe afin d’accroître leur productivité.
Troisièmement, nous allons aider immédiatement et de façon permanente nos PME en réduisant leur taux d’imposition d’un cinquième, en le faisant passer de 11 à 10 à 9%.
Nos petites et moyennes entreprises sont celles qui créent le plus d’emplois au Canada et il est grand temps que nous les aidions à offrir des emplois.
Ces mesures concrètes ne sont que quelques-unes des mesures que nous pouvons mettre en place dès maintenant afin de remettre l’économie et la classe moyenne sur la bonne voie.
Permettez-moi de terminer en disant que mon intérêt pour la classe moyenne découle de la façon dont j’ai été élevé.
L’histoire de ma famille est celle de millions de familles canadiennes.
J’ai grandi dans une famille de 10 enfants et nous devions travailler pour avoir tout ce que nous avions.
Certes, ce n’était pas facile. Nous travaillions fort, respections les règles et vivions selon nos moyens.
Nous avons appris l’importance de s’occuper les uns des autres, d’être solidaires de la collectivité, de la générosité.
Ce sont les valeurs qui m’ont guidé tout au long de mes 35 années de service dans la fonction publique et de mon mandat comme ministre québécois.
Et ce sont les valeurs qui me guideront en tant que premier ministre du Canada.
Ma famille a travaillé fort pour faire partie de la classe moyenne. C’est quelque chose qui devient de plus en plus difficile pour les familles canadiennes.
Mais nous pouvons faire autrement.
Je crois en une croissance économique prudente passant par des investissements stratégiques et une politique budgétaire saine. Je crois en des politiques qui attirent les investissements et stimulent la création d’emplois stables à temps plein.
Par exemple, le Nouveau Parti démocratique a une approche ouverte et progressiste sur la question du commerce international. Voilà pourquoi nous appuyons l’accord de libre-échange avec la Corée du Sud et voilà pourquoi nous appuyons le principe d’un accord de libre-échange avec l’Europe.
L’objectif est de mettre l’accent sur une croissance économique durable, une croissance qui profitera non seulement à la classe moyenne d'aujourd’hui, mais aussi à nos enfants et à nos petits-enfants partout au pays. Cela signifie : bâtir une économie diversifiée qui mise sur la création d’emplois à valeur ajoutée.
Aux regards des événements récents, notamment des pertes d’emploi, des fermetures, des retraits des investissements et de la dette immense des ménages, je crois que nos efforts doivent se concentrer sur les familles qui en ressentent tous les jours les conséquences.
Ce sont toujours elles qui détermineront mes priorités.
Munis d’investissements stratégiques et d’un plan concret, nous pouvons offrir à la classe moyenne une économie plus solide et de meilleurs outils afin de traverser les périodes houleuses des mois et des années à venir.
Et bien que les enjeux soient importants en ce qui concerne la classe moyenne, je demeure très optimiste. Je vois de nombreuses opportunités qui permettront au Canada d’être plus rapidement en meilleure posture.
Tout ce dont nous avons besoin pour en profiter est de la volonté et un plan concret.
Voilà ce que j’offre aux Canadiens lors des élections générales de cette année.
Un choix, entre un vrai changement ou le statu quo, entre un plan concret ou davantage d’improvisation, entre une classe moyenne forte ou une classe moyenne qui sombre davantage.
Voilà ce qu’offre le NPD en octobre.
Le choix à faire n’a jamais été aussi évident. Nous n’avons pas un seul moment à perdre.
La classe moyenne du Canada compte sur l’action des parlementaires et c’est ce que nous leur livrerons.
Thank you. Merci beaucoup. On continue.