Canada's NDP

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4 décembre 2013

Une vision pour un nouveau siècle. Notre plan pour un futur énergétique prospère et durable.

Discours de Thomas Mulcair devant le Club économique du Canada, à Ottawa

Merci pour cet accueil chaleureux.

La première fois que j’ai pris la parole devant le Economic Club , c’était ici à Ottawa, en avril 2012.

Quelques semaines seulement après mon élection comme chef du Nouveau Parti démocratique et chef de l’Opposition.

À l’époque, les conservateurs de Stephen Harper déposaient, avec trompettes et fanfares, leur budget fédéral 2012, avec comme réalisation magistrale, l’élimination de la cenne noire.

À présent, la cenne noire est disparue, mais aussi les trompettes.

Aujourd’hui, Ottawa est entachée par des scandales, des démissions et des enquêtes criminelles.

On sait maintenant, en passant, pourquoi Stephen Harper a arrêté de parler du fameux chèque de 90 000 $ qu’aurait signé Nigel Wright.

En réalité, il n’y avait pas de chèque.

C’est neuf millions de cennes noires qu’il a utilisées pour acheter le silence de Mike Duffy.

C’est toujours dur de se rendre compte qu’on a acheté quelque chose pour être ensuite déçu du résultat.

Mais aujourd’hui, nous sommes ici pour parler d’un enjeu plus substantiel que les cennes noires ou les sénateurs.

Aujourd’hui, j’aimerais vous parler de la vision du NPD en vue de bâtir un avenir énergétique durable, équilibré et prospère au XXI e siècle.

Les ressources naturelles du Canada sont une véritable bénédiction, et notre secteur énergétique est le moteur de l’économie canadienne.

Le NPD veut miser sur ces avantages uniques.

Pour créer des emplois de qualité pour la classe moyenne.

Pour tirer parti le plein potentiel de nos richesses naturelles.

Et pour accroître les retombées du développement pour tous les Canadiens.

Ce développement est crucial pour notre économie et pour notre pays.

Mais celui-ci ne peut aller de l’avant qu’à la condition d’être organisé de façon responsable.

Si nous voulons saisir les occasions qui se présenteront à l’avenir.

Si nous voulons utiliser nos ressources pour créer de la richesse et de la prospérité pour les générations à venir.

Nous devrons relever de nouveaux défis et nous adapter aux nouvelles réalités d’un nouveau siècle.

Et les néo-démocrates ont exactement la vision qu’il faut pour le faire.

Une vision qui mise sur la croissance économique sans négliger les volets social et environnemental du développement durable.

Une vision tournée vers l’avenir plutôt qu’attachée au passé.

Une vision qui crée une prospérité durable, plutôt que de perpétuer des cycles continus d’expansion et de récession.

Notre vision s’appuie sur trois principes clés :

La durabilité pour s’assurer que les pollueurs paient la facture de la pollution qu’ils génèrent plutôt que de la transférer à la prochaine génération.

Le partenariat pour s’assurer que les collectivités, les provinces et les Premières Nations profitent du développement des ressources et pour créer des emplois à valeur ajoutée pour la classe moyenne, ici au Canada.

Et, surtout, la prospérité à long terme en investissant les revenus provenant de nos ressources dans des technologies modernes et vertes afin de garder le Canada à la fine pointe de l’innovation énergétique et de maintenir des tarifs d’énergie abordables à l’avenir.

Depuis trop longtemps, on dit aux Canadiens qu’ils doivent faire un choix entre l’économie ou l’environnement.

Mais ce choix-là est trompeur.

Il fait partie d'une vision dépassée.

En avril dernier, des documents gouvernementaux ont révélé qu’il y aurait des coûts économiques bien réels associés au fiasco environnemental de la mine Giant du Grand lac des esclaves à Yellowknife.

Des coûts qui ont doublé depuis les estimations initiales, pour atteindre près d’un milliard de dollars.

Un vaste dépotoir industriel qui côtoie un des lacs d’eau douce les plus profonds du monde.

Un véritable joyau de notre patrimoine naturel mondial.

Et pourtant, pendant plus d’un demi-siècle, ce lac a été pollué sans égard aux coûts que devront défrayer nos enfants et nos petits-enfants pour le nettoyer.

D’un océan à l’autre, des communautés se sont mobilisées pour dire haut et fort :

Nous ne laisserons pas ce genre d’erreurs se reproduire.

Malgré ce gâchis, le gouvernement continue de s’accrocher à cette vision
à court terme.

Éviscérant nos meilleurs outils en matière de protection environnementale— et retardant en même temps le développement économique du Canada.

Les désastres comme ceux du Grand lac des esclaves peuvent s’expliquer.

Parce que nos parents et nos grands-parents ne comprenaient pas l’étendue des ravages à long terme de leurs actions.

Mais notre génération n’aura pas d'excuses.

Le fait est qu’au 21 e siècle, un permis social est tout aussi important qu’un permis d’entreprise si ce n’est davantage.

De nos jours, tout modèle de développement qui s’appuie sur la détérioration de l’environnement et de la sécurité publique ou sur une exploitation non profitable pour nos collectivités n’est pas un modèle acceptable.

Cela peut vous surprendre d’entendre le chef du NPD dire cela, mais ce sont les chefs d’entreprise qui comprennent le mieux ce qu’il faut faire pour relever ces défis.

Plus tôt cette année, le PDG de TransCanada, Russ Girling, a été d’une candeur rafraîchissante en soulignant comment les préoccupations sociales et environnementales font maintenant partie des réalités du monde des affaires.

Au sujet de la surprise qu’a eue sa compagnie devant l’opposition manifeste au projet Keystone-XL, M. Girling a dit carrément : « Nous ne ferons plus la même erreur. »

Qu’il s’agisse de Keystone-XL.

Ou de la Directive sur la qualité des carburants envisagée en Europe.

Les chefs d’entreprises savent que l’avenir du Canada en matière de ressources naturelles dépend de notre accès aux marchés internationaux.

Et cet accès est fondé sur la perception du monde envers le développement de nos ressources.

Le NPD mettra fin aux attaques conservatrices contre nos lois environnementales.

Des attaques qui nuisent au développement de nos ressources—et qui finissent par nuire, ultimement, à notre économie.

Sur la scène internationale, nous prendrons nos responsabilités en établissant un prix sur le carbone, grâce à un système de plafonnement et d’échange.

Nous injecterons les revenus générés dans l’avenir de notre secteur énergétique.

Nous réinvestirons ces revenus dans les régions qui les génèrent en finançant des projets d’énergie renouvelable.

Et nous investirons dans les technologies vertes contribuant à l’essor de ce secteur d’avenir.

Les Canadiens comprennent les impacts nocifs à long terme d’une vision gouvernementale à court terme et ils se mobilisent.

Dans les grandes villes et les petits villages, les projets de développement doivent surmonter une résistance accrue.

C’est normal après tout; les Canadiens s’inquiètent lorsqu’ils voient le gouvernement démanteler les évaluations environnementales.

Ils s’inquiètent aussi lorsqu’ils apprennent que les fuites d’oléoduc sont de plus en plus fréquentes — menaçant leur propre communauté.

Et les Autochtones de tout le pays s’opposent aux projets énergétiques qui négligent leurs droits issus des traités, leurs droits inhérents ou les obligations internationales du Canada, du projet d’oléoduc Northern Gateway sur la côte ouest à la fracturation hydraulique dans l’est.

Il n’y a rien de nouveau là-dedans.

Il y a 40 ans, presque jour pour jour, que les Cris de la Baie-James ont obtenu une injonction historique de la cour pour stopper la construction d’un projet hydro-électrique dans leur région.

Un mégaprojet de 20 milliards $, soit de près de 100 milliards en dollars d’aujourd’hui, a été suspendu parce que nos dirigeants ont omis de considérer ses impacts sociaux et environnementaux.

Et pourtant, 40 ans plus tard, le gouvernement n’a toujours pas appris sa leçon.

Plutôt que de considérer le rôle des Premières Nations, des Inuits et des Métis comme un obstacle à vaincre.

Nous devrions y voir une occasion à saisir pour forger un partenariat.

Pour bâtir et maintenir une vraie relation de nation à nation avec les Premières nations.

Durant l’été, Catherine et moi avons parcouru le pays dans le cadre d’une tournée de consultation des communautés autochtones.

Nous avons entendu le même message maintes et maintes fois.

D’ici à ce que nous abordions ces enjeux de front.

D’ici à ce que nous prenions sérieusement nos responsabilités en vertu de la constitution et du droit international le développement continuera à soulever l’opposition et les projets énergétiques continueront à être bloqués.

Un gouvernement du NPD aurait comme priorité de résoudre une fois pour toutes ces réclamations territoriales et ces litiges entourant les traités pour que nous puissions finalement avancer.

Comme pour tant d’autres défis auxquels le secteur de l’énergie fait face.

Ce n’est pas une question de capacité, c’est une question de volonté politique.

Au NPD, nous savons que le secteur de l’énergie peut bénéficier à toutes les communautés et à tous les Canadiens.

À la condition que notre vision aille de pair avec nos aspirations.

Au lieu de dépenser des millions pour promouvoir l’oléoduc Keystone-XL, un projet qui exporterait 40 000 emplois bien rémunérés au sud de la frontière.

Imaginez si nous aurions utilisé cet argent pour soutenir des projets énergétiques, ici, en sol canadien.

Dans l’est du Canada, les raffineries payent le baril de brut jusqu'à 56 $ plus cher que le vendent nos producteurs pétroliers dans l’ouest.

C’est pourquoi le NPD veut que nos matières premières soient transformées ici au Canada qu’il s’agisse de bois ou de pétrole.

Et c’est pourquoi le NPD, ainsi que l’industrie, réclament une meilleure capacité de transport par pipeline de l’ouest à l'est.

Tout le monde y gagne.

De meilleurs prix pour les producteurs avec une hausse des redevances pour les provinces.

Plus d’emplois dans le raffinage et la transformation du pétrole pour nos travailleurs.

Et une meilleure sécurité énergétique pour l’ensemble des Canadiens.

Notre pays a la chance de pouvoir compter sur des gens de talent et des travailleurs ingénieux.

Nous avons tout ce qu’il faut pour relever les défis de l’avenir.

Mais alors que nous entendons former des partenariats avec le milieu des affaires, le milieu syndical et les collectivités locales le gouvernement actuel a créé un vide.

Il pourrait être réconfortant de croire que les forces du marché vont guider entièrement ce processus elles-mêmes, mais ce n’est pas comme ça aussi simple.

Les entreprises sont dans l’incertitude.

Et leurs dirigeants affrontent des réalités à court terme qui ne correspondent pas toujours aux intérêts à long terme de leurs propres compagnies.

Sans une vision claire et des engagements clairs pour l’avenir.

Sans des règles claires.

Le secteur énergétique canadien ne saura pas à quoi s’attendre, et il ne saura pas quelle approche adopter.

Malheureusement, cette réalité n’a pas encore rejoint le gouvernement conservateur.

Les investisseurs étrangers expriment eux aussi des doutes sur l’approche des conservateurs.

Le premier ministre a beau placer l’investissement étranger au cœur de sa stratégie, son approche est trop imprévisible pour garantir la confiance des investisseurs.

Le NPD entend collaborer avec les communautés, les provinces et les Premières nations afin d’offrir à l’industrie des règles claires qui encouragent l’investissement à long terme.

Nous enchâsserons dans la loi une vision stratégique et cohérente visant à créer un climat propice aux investissements étrangers.

En définissant, par exemple, le critère d’avantage net pour notre pays, contenu dans la Loi sur Investissement Canada.

J’ai parlé plus tôt cette année lors d’une conférence de gouvernements progressistes, à Copenhague.

Je peux vous dire que les gens que j’ai rencontrés comprennent l’importance de ces enjeux, et pas seulement pour des raisons environnementales.

Le nombre d’emplois créés dans le secteur des énergies renouvelables augmente de 18 % par année dans le monde.

L’investissement annuel dans l’énergie verte se situe maintenant à plus de 240 milliards de dollars.

On prévoit que ces investissements grimperont à 3 000 milliards de dollars d’ici 2020.

Aux États-Unis, au Danemark, en Norvège.

On s’efforce de saisir l’occasion pour tirer profit de ce marché en pleine croissance.

La Norvège, en particulier, peut servir de modèle au Canada.

Comme le Canada, la Norvège a une économie avancée, une main-d’œuvre hautement qualifiée et beaucoup de ressources naturelles.

Mais contrairement au gouvernement conservateur, la Norvège a utilisé ses ressources pour créer des emplois à valeur ajoutée maintenant tout en bâtissant pour l’avenir.

Dans les années 70, la Norvège a utilisé ses ressources extracôtières pour devenir un leader dans la construction de plateformes de forage à embase-poids.

Le pays est maintenant prêt à investir la richesse créée par l’industrie énergétique traditionnelle dans des initiatives d’énergie renouvelable nationales et internationales.

Au cours du dernier siècle, la Norvège a donc réussi à tirer parti de ses avantages naturels.

Le Canada doit à son tour faire la transition vers le nouveau siècle… et nous devons le faire correctement.

Des sables bitumineux aux gaz de schiste, les sources non traditionnelles d’énergie en carbone présentent de nouveaux défis.

Que nous parlions d’extraction et de raffinage.

De santé, de sécurité ou de protection environnementale.

Le Canada est à l’avant-garde en ce qui concerne ces nouveaux défis et peut agir comme pionnier dans la recherche de solutions.

Le NPD se donnera comme priorité de faire du Canada un joueur de premier plan dans l’économie du 21 e siècle basée sur les nouvelles énergies.

En l’absence de leadership fédéral, des provinces comme le Manitoba développent leur propre stratégie en matière d’énergie et de développement durable.

Au Québec — à l’époque où j’étais ministre de l’Environnement — nous avons adopté la loi la plus vaste en matière de développement durable dans toute l’Amérique du Nord.

Je vous annonce officiellement qu’un gouvernement du NPD adoptera une législation cadre sur le développement durable au niveau fédéral.

Nous allons nous assurer que les collectivités locales et les Premières nations soient consultées équitablement lorsqu’elles sont touchées par des projets énergétiques.

Nous travaillerons avec les municipalités pour que les matières dangereuses qui transitent sur leur territoire soient sécurisées par des normes de sécurité élevées.

Nous devons assurer le respect de ces normes de sécurité pour les pipelines, des pétroliers et du transport ferroviaire.

Et notre parti retirera au cabinet ses pouvoirs arbitraires en établissant un système efficace, crédible et approfondi des évaluations environnementales.

Nous allons mettre en place le même type de procédure que j’ai instauré en tant que ministre du développement durable au Québec pour réduire les délais sans compromettre la protection environnementale.

Nous allons aussi travailler avec les propriétaires de maisons et d’entreprises pour les aider à améliorer l’efficacité énergétique des résidences et des bureaux.

Plutôt que de simplement s’intéresser aux mégawatts, il est temps de mettre aussi l’accent sur les négawatts.

Il est beaucoup moins coûteux d’économiser de l’énergie que d’en produire.

Pourtant, seulement 8 pour cent des foyers canadiens profitent d’un programme d’efficacité énergétique et de nombreux édifices fonctionnent à 50 pour cent de leur potentiel d’efficacité.

Nous pouvons faire beaucoup mieux.

Avant qu’il ne soit aboli par le gouvernement conservateur, le programme écoÉNERGIE Rénovation – Maisons a permis de créer plus de 15 000 emplois tout en aidant les Canadiens à réduire leur consommation d’énergie, à améliorer l’efficacité de leurs maisons et à diminuer leurs factures énergétiques.

Le NPD va travailler avec les provinces pour créer un nouveau fonds visant à redonner aux Canadiens une chance d’économiser.

Cela dit, si on veut se préparer pour une économie du 21 e siècle, il faut faire davantage que seulement améliorer ce que nous avons fait par le passé.

Cela veut aussi dire rechercher de nouvelles possibilités.

Cela veut dire investir dans l’innovation, la recherche et le développement, dans l’économie du savoir, pour faire du Canada un chef de file mondial dans les technologies propres.

C’est là qu’est l’avenir de notre secteur énergétique nous pouvons être prêts, ou nous pouvons être à la traîne.

Un gouvernement du NPD va rediriger le milliard de dollars en subventions annuelles aux combustibles fossiles dans l’énergie propre.

Nous allons investir dans Technologies du Développement Durable Canada, une fondation remarquable qui a déjà contribué à la croissance de plus de 230 projets évalués à deux milliards de dollars.

Des investissements dans des technologies éoliennes, solaires et géothermiques vont favoriser la création de 20 000 nouveaux emplois pour les Canadiens.

Ensemble, nous allons faire du Canada un leader dans la production d’énergies renouvelables pour nous assurer que notre pays demeure concurrentiel tout au long du 21 e siècle.

Et, soyez certains que l’un des premiers gestes que je poserai en tant que premier ministre sera de me rendre à la conférence internationale sur le climat, en décembre 2015 à Paris.

Pour travailler avec nos alliés internationaux plutôt que contre eux.

Chaque génération a son rendez-vous avec l’histoire.

Au NPD, nous pensons que ce jour est arrivé.

Ici à Ottawa, dans les capitales provinciales, et partout dans le monde.

C’est à notre génération de choisir quel héritage nous voulons laisser à nos enfants et à nos petits-enfants.

Est-ce qu’on leur léguera un monde sans la moindre vision, ou un monde visionnaire, qui mise sur le développement durable?

Est-ce qu’on leur léguera un Canada qui est un cancre international, ou un Canada qui est un chef de file mondial?

Au NPD, nous avons fait le choix de l’ambition.

Dans une génération, les Canadiens vont demander ce que nous avons fait pour nous préparer aux possibilités du 21 e siècle.

Ils vont observer les défis qui se sont présentés à nous et demander pourquoi certains d’entre nous n’ont pas agi même si nous savions ce qui s’en venait.

Ce que nous leur répondrons va dépendre des choix que nous faisons aujourd’hui.

Les néo-démocrates croient que le temps est venu de faire les bons choix.

Pas seulement pour les générations actuelles, mais pour celles à venir.

Comptez sur nous; nous allons le faire.

Merci.